Renée : - On se connait depuis que je suis arrivée ici dans cette résidence, depuis 2 deux ans. On s’est retrouvé dans une chambre à deux, et on a sympathisé !
Jeanne claire : Je me suis dis : « quelle casse pied je vais avoir dans ma chambre ? » !!!!
Renée : ...et c’était moi la casse pied !!! Mais non on s’est bien entendu tout de suite !
Jeanne Claire : Le contact a été plus facile.
On aurait pu ne pas se parler mais non, comme on est bien bavarde toutes les deux.
Renée : on parle jamais de notre vie privée.
Jeanne Claire :
On rit de bons coups parfois !
Renée : On parle pas de nos misères, ça sert à rien de se plaindre, de gémir..
Jeanne claire : - j’étais secrétaire.
Renée : - j’ai travaillé de 15 à 60 ans. Notre génération travaillait très jeune.
Jeanne claire : - mes souvenirs d’enfance c’est l’Algérie. Mon papa était Savoyard et ma mère Bretonne.Un mélange de race. Ils ont décidé de partir en Algérie. Mon papa était menuisier, ébéniste. Il a fait de très beaux meubles.
Renée : j’aime bien les vieux meubles ! Mon père était à la SNCF. Alors les voyages étaient pas trop cher mais on était nombreux. Les familles à l’époque on était nombreux. Nous on était 6 mais certains avaient 10 , 12 enfants. On voyageait pas comme les jeunes de maintenant. Y’avait 3 garçons et 3 filles. Il me reste plus qu’une soeur. On était bien. Quand on était gamine, on jouait pas comme les enfants maintenant. On travaillait jeune et on aidait les parents.
Jeanne claire : Nous on jouait aux petits chevaux, aux dames.
J’aurai voulu faire du tennis mais avec la tuberculose on m’a dit non. On était dans une maison, avec deux autres locataires. La maison était joli, mon papa avait fait tous ces meubles. Ma maman était au crédit lyonnais.
Renée : Ma maman avait du travail ; y’avait pas de machine à laver , c’était tout à la main ! y’avait pas la facilité de maintenant. C’est formidable la machine à laver !
Jeanne Claire : l’Algérie c’est à voir.. mon mari avait organisé un voyage ; avec les PATOS! C’est comme ça qu’on appelait les français de France ! En Algérie certains sont racistes…C’est bien de contacter des gens d’autres milieux , on prend une autre mentalité. Mes parents recevaient des gens d’autres milieux et ils s’entendaient tous très bien.
FOCUS SUR JEANNE CLAIRE BOUQUET
On vivait à Constantine en Algérie. Y’a une chose que j’ai pas oublié : le soleil !
On avait un temps magnifique. On est une famille très unie. On a découvert les paysages; Ya TIMGAD, ancienne ville romaine. Le dimanche, on partait au restaurant et on allait découvrir une ville, c’est des choses qu’on oublie pas. On était à 80 Km de la mer.
J’ai perdu mon mari, rupture d’anévrisme au volant…un jour, à 14H 30, on me téléphone, c’est la gendarmerie;
"Allo c’est les gendarmes de Bourg, votre mari est décédé"
Comme ça !
Ils auraient pu me convoquer…
Je me disais: je rêve ? Et bien non je rêvais pas. On s’était quitté à 14h et à 14H 30 il était plus là. Il aimait la vie ! On s’est connu j’avais pas tout à fait 20 ans. On était une bande de copain, on a sympathisé, et ce que devait arriver est arrivé. On s’est marié. J’avais une belle mère super, elle était enseignante.
J’ai eu la tuberculose à 14 ans.
Il a fallu que je quitte le lycée et j’en ai eu gros sur le coeur.
A cette époque là on vous demandait pas votre avis, il fallait obéir. Le médecin pensait que j’allais m’en sortir mais ça a continué à évoluer.. Heureusement j’avais une famille très unie.
On s’est vraiment lié d’amour.
J’étais enceinte, on était ravi,
layette, chambre très coquette, chausson
Tricot, tout !
J’accouche
le bébé meurt.
y’a des coïncidences dans la vie .
Quand on voit les gens se plaindre pour des bêtises
on se dit : regardez autour de vous !
Y’a de coup dur dans la vie
j’étais enceinte de deux autres bébés,
Je suis restée avec mes deux enfants toute seule, avec mes parents.
Y’a des coups durs dans la vie
Ils ont peu connu leur père. J’ai rencontré personne d’autre,
on avait de bons copains.
Y’a des coups durs dans la vie
Quand on voit les gens se plaindre pour des bêtises
On se dit : regardez autour de vous !
Ce qui est essentiel dans la vie, c’est la vie de famille. Quand vous avez des enfants et que les parents se séparent… j’ai vu autour de moi des petites qui avaient tout pour être heureuse, les parents se séparent ça les démolissaient moralement complètement.
FOCUS SUR RENEE CARTONNET
Y'’a 62 ans , j’attendais un bébé et j’en ai eu deux. Après j’ai eu une 3ème fille.
Puis j’ai divorcé car mon mari il était pas fidèle.
Alors j’ai vécu toute seule.
Je me suis mariée vers 20 ans. J’ai rencontré mon mari j’me rappel plus;
j’ai eu mes jumelles, et puis une autre.
Je suis arrière grand mère et y’a que des filles !
Je suis exigente, un mari pas fidèle, je l’ai pas accepté.
Il travaillait dans une entreprise,
peut être j’étais trop exigente ?
mais il était trop avec la secrétaire !
J'ai jamais fréquenté un autre homme car j’avais plus confiance en personne. C’est dur…
Puis y’a une assistance sociale qui m’a fait rentrer à Sainte Madeleine (hôpital psychiatrique) elle m’a proposé de passer le diplôme d’infirmière; je lui ai dis : mais je peux pas j’ai que mon certificat d’étude ! Finalement j’ai passé des nuits blanches et je je l’ai eu ce diplôme ! Alors maintenant j’suis contente car je suis pas à la charge de mes filles.
Si je trouvais celui qui a inventé le masque…. Parce qu'on voit plus le sourire des jeunes,
Alors ça alors !
J’ai pas l’impression que ça sert à grand chose… le vaccin peut être c’est utile..mais les masques ça nous coupe des sourires de la jeunesse…on voit que les yeux. J’ai toujours rouspeté après celui qui a inventé le masque : peut être c’est à cause de mon sale caractère ! Je dis ce que je pense.
Je me dis : vivement que je débarrasse la terre ! J’ai l’impression que je suis vieille
Je vois pas les choses de la même façon, j’embarrasse le monde.
On est très bien ici, on nous soigne bien mais on est pas chez soi ! Plus de liberté ! On manque un peu de liberté.
SALON DE LECTURE
par Renée et Jeanne Claire
Ce que l'on aime : c'est LIRE !
C’est quoi une vraie amie ?
Jeanne claire :
quelqu’un à qui on peut tout confier.
Renée :
quelqu’un avec qui on se gêne pas, à qui on confie tout. Les peines et les joies.
Ensemble c’est comme ça ; on se craint pas.
Jeanne claire : - Moi ça m’a aidé ! l’amitié ça compte !
Renée : - L'amitié c'est important Quand on se craint pas avec quelqu’un.
Jeanne claire : - Vous êtes très humaine.
Renée : - On fait parfois des erreurs qu’on devrait pas faire. J’espère que j’en ai pas trop fait.
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